Le chef de l’État et son gouvernement mentent aux Français quand ils affirment que leur réforme permettra d’augmenter les petites pensions. Deux études de la Drees et de l’Insee démontrent le contraire, suite au passage de 60 à 62 ans en 2010.
N’ayant pas de majorité parlementaire pour voter sa loi sur l’âge de départ à la retraite à 64 ans, avec 43 ans de cotisations pour une pension complète, le gouvernement a recouru à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer le texte sans vote. Le président Macron prétend que l’augmentation de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ permettront une amélioration des pensions pour tous. Mais pour cotiser plus longtemps, il faudrait ne pas perdre son emploi dans les années qui précèdent le départ.
Or, les seniors privés d’emploi sont en augmentation depuis des années. Embaucher des jeunes précaires à temps partiel imposé revient moins cher que de payer les plus de 50 ans qui ont de l’ancienneté dans l’entreprise, surtout quand il s’agit de postes peu qualifiés. Il est alors tentant de trouver des prétextes pour licencier les seniors, dont beaucoup peinent ensuite à retrouver du travail. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress) l’a démontré, quand l’âge légal donnant droit au départ à la retraite est passé de 60 ans à 62 ans, en 2010, avec Sarkozy à l’Élysée et Fillon à Matignon.
Depuis, beaucoup de seniors sont tombés dans ce que l’économiste Michaël Zemmour appelle « un sas de précarité ». Souvent, ils n’étaient plus en emploi et n’avaient pas les années de cotisations pour percevoir une pension complète. Selon la Dress, ce passage de 60 à 62 ans pour espérer avoir une pension complète « a eu un effet catastrophique pour les salariés les plus fragiles, en situation de handicap. Non seulement ils ont dû attendre deux ans de plus pour partir à la retraite, mais en plus, ils sont restés plus longtemps sans travail ».
Une étude de l’Insee, publiée le 11 mai 2023, confirme que 16 % des personnes âgées de 55 ans à 69 ans, en France, n’étaient ni en emploi ni en retraite, en 2021. 59 % de ces personnes étaient des femmes, peu diplômées et souvent handicapées, suite à des années de travaux pénibles. La proportion des sans travail et sans retraite dans les deux sexes s’élevait à 28 % chez les 61 ans, alors que l’âge de départ était de 62 ans. Seuls 47 % des seniors étaient en emploi à 61 ans et seulement 50 % des personnes âgées de 62 ans étaient en retraite en 2021.
La situation sera pire avec la réforme qui repousse l’âge de départ à 64 ans avec 43 ans de cotisation. Alors qu’on nous promet une amélioration du pouvoir d’achat des petites pensions à l’issue de cette réforme, acquérir des droits pour l’obtenir sera plus difficile qu’avant.
Gérard Le Puill
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